La justice face aux cybercriminels


Lors leurs attaques en profitant de l’anonymat du monde numérique, souvent de l’étranger, et font payer leurs victimes en cryptomonnaie, censée perdre les enquêteurs sur la trace de ces flux financiers illégaux. Les cybercriminels ont beaucoup d’atouts de leur côté, mais face à eux, la police, la gendarmerie et la justice se sont elles aussi converties au numérique avec des services spécialisés comme le C3N, le Centre de lutte contre les criminalité numériques, qui appartient à la gendarmerie et basée à Pontoise.

Le service est dirigé par la colonelle Fabienne Lopez qui a dit « on est entre 20 et 30 % d’augmentation chaque année et ce sont des augmentations qui sont régulières. La délinquance et la criminalité évoluent, elles s’adaptent à son époque et on ne peut pas être efficace en police judiciaire si l’on reste sur des vieux constats, de vieilles habitudes. Car la délinquance aujourd’hui est aussi et surtout sur internet. On se doit de se mettre à niveau et de se mettre au goût du jour. Pour les contrer, il faut être sur leur terrain aussi. »

Le C3N met en avant ses résultats, avec par exemple cette opération menée en coopération avec la police ukrainienne en octobre 2021 (avant la guerre) et racontée dans l’Essor, le magazine de la gendarmerie nationale. Une vidéo de l’arrestation a aussi été publiée (ci-dessous).
 

Les criminels s’affranchissent des frontières, les polices doivent donc coopérer et développer également des compétences très pointues. Le major Florent Peyredieu est le chef de la section ASTAD (pour Atteinte aux services de traitement automatisé des données). Il travaille avec cinq écrans d’ordinateur sur son bureau et il a des graphiques qui retrace le trajet d’une rançon entre la victime et son bénéficiaire final. C’est très compliqué mais on y voit qu’un paiement en crypto-monnaie ne rime pas forcément avec anonymat.

Des cryptomonnaies pas forcément intraçables. On est capable de dire que la rançon a été payée et que l’argent tend à être dissimulé par le biais de mixeurs. Ce sont des outils qui ont vocation à effacer le trajet des flux financiers. Mais toutefois, on arrive à les démixer grâce à les gens formés qui sont capables de retrouver le lien, à partir d’algorithmes et de schémas mathématiques. Finalement, on arrive à suivre la rançon jusqu’à des bascules, des swaps : ce sont des changements de monnaie.

Le montant des rançons varie en fonction du type d’attaque. On en distingue deux principales. Celles menées au chaland, qui ne visent pas de cibles en particulier : de quelques centaines à quelques centaines de milliers d’euros tout de même. Et celles qui visent des cibles en particulier, qui prennent beaucoup de temps à préparer : jusqu’à 70 millions de dollars, par exemple, demandé par le gang Cybercriminels REvil à une entreprise américaine en 2021.

Qu’est-ce que vous pensez de payer la rançon avec de la cryptomonnaie ?

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